mercredi 31 octobre 2012

Teaching Haiti

It's the last day of October! Generally, we like to produce about two blog posts per month. And suddenly I find myself with only a few hours left to write something. I don't know where the time went! Well, I do, actually. October is always a busy month for me as it's the start of our academic year, so I've been busy prepping classes. Also, Regine and I will both be at the 24th annual Haitian Studies Association conference in New York in a couple of weeks. There are so many fantastic panels and presentations lined up, I am sure I will be frustrated by everything I'll be forced to miss. In addition to the roundtable where we'll be talking about this here blog, I'll be presenting on my experience as a teacher in Haiti. That paper is currently a work in progress. I thought I'd give you all a preview. Feel free to weigh in and help me shape my paper!

The title of my talk is A Haitian Reflects on Teaching Haitian Literature in Haiti. My co-panelists, Kate Ramsey and Alyssa Sepinwall, will be talking about their experiences teaching about Haiti in other communities.

I was a double major in college: French and English. I love books--  love reading them, love talking about them. I just couldn't decide which literary tradition to specialize in. Then I spent a semester in Paris and took a course with Jacques Chevrier on Francophone African literature. When I returned to Baltimore, I did an independant study on Haitian literature. It became obvious that that was what I wanted to spend my time on: reading and studying Haitian literature. But at that time, I honestly had no idea where I'd be researching and teaching Haitian literature. 

Now that I've been teaching at the Ecole Normale Supérieure of Haiti's State University for about a decade while also participating in conferences and projects on Haitian literature elsewhere around the world, it is clear to me that context has a huge impact on what happens in the classroom, even if the content is ostensibly the same. 

So, here are a few particularities of teaching Haitian literature in Haiti that I plan to highlight in my talk. And I know some of them are pretty obvious:

  • There is no need for me to introduce or contextualize Haiti at the start of each semester. Big relief there!
  • I teach texts written in French as well as texts written in Creole. I'm not sure that'd be possible if I worked in a French department, but I'm housed in Modern Letters.
  • My students have usually heard of all of the authors I teach. They've met some of them and even had them as teachers. The books and authors are real to them in a way they might not be to other students. 

Of course, some  particularities are not positive ones:

  • The physical learning environment is pretty atrocious -- open classrooms with no doors, broken chairs and no sound insulation. In fact, the ENS is yet again involved in a campaign to get authorities to improve our working conditions.
  • I have to be creative in terms of syllabus building, since access to the library is often iffy and a lot of the books I'd like to teach are not affordable. We use a lot of photocopies.
  • Lack of diversity. We don't usually have the benefit of a wide range of perspectives in the classroom. We tend to come at the text from similar places, although my job as teacher is to help students consider other viewpoints. 

I hope these seem like good starting points for my paper. Any ideas on what I should add? What have been some of your experiences teaching or learning about Haiti?

NM

vendredi 12 octobre 2012

La rentrée: pour l'enseignement de l'esclavage


Le mois de septembre est terminé, mais je voudrais quand-même marquer la rentrée scolaire ici aux Etats-Unis...alors, permettez-moi de partager quelques points de réflexion sur le premier roman sur mon syllabus—Rosalie l’infâme de Evelyne Trouillot. Publié en 2003 ce roman se situe à Saint Domingue au 18e siècle. Plus spécifiquement, c'est l'année 1750--la période de l'esclavage.  Enseigner ce roman m'a donné l'occasion de réfléchir en profondeur sur les représentations de l'esclavage dans le contexte haïtien et comment enseigner l'esclavage dans un cours de littérature et culture francophone aux Etats-Unis. 

Evelyne Trouillot fait un travail méticuleux pour rendre la vie quotidienne de l’esclave.  Son objectif de montrer l’horreur de l’esclavage ainsi que l’humanité des esclaves individus se réalise avec des personnages pleins de leurs propres pensées et passions.  A mon avis la postface présente un des éléments les plus intéressants du roman. Trouillot y explique qu’elle « ne voulait pas écrire un roman historique », mais malgré ceci Rosalie l’infâme peut être considéré comme un roman historique ainsi que ce que les Américains nomment un « neo-slave narrative ».  Dans son étude  Sites of Slavery:  Citizenship and Racial Democracy in the Post-Civil Rights Imagination (2012) Salamishah Tillet explique que le neo-slave narrative est un genre avec lequel les écrivains et artistes noir-américains essayent de négocier leur identité et citoyenneté américaine au 20e et 21e siècles.  Devant cet état de choses, comment pourrait-on expliquer l’utilisation du « neo-slave narrative » dans le contexte haïtien, autrement dit, que veut dire la représentation de l’esclavage dans le contexte haïtien ?  Comment est-ce que l'histoire de l'esclavage figure dans notre imaginaire contemporain?  En utilisant le sujet du marronnage, Trouillot explore un aspect de cette histoire.  D'une certaine manière le "nèg mawon"  est synonyme de notre compréhension de l'esclavage parce que celui-ci représente la résistance et la liberté préfigurant la Révolution.  Mais Trouillot présente une autre vision qui féminise le personnage célèbre. Ainsi elle nous offre une histoire à la fois familière et complètement ré-imaginée. 

J'enseigne Rosalie dans le contexte d'un cours de littérature des femmes francophones, mais j’imagine un jour peut-être je pourrai créer un cours sur l’esclavage pour aller plus loin dans l’exploration du sujet.  Comment enseigner l’esclavage spécifiquement dans le contexte haïtien ?  Comment éviter la tentation de rester seulement dans la gloire de la Révolution haïtienne sans vraiment rentrer dans les détails horribles de cette institution tellement déshumanisante ?


Pour moi, en tant que prof de français aux Etats-Unis, enseigner l'esclavage aux étudiants qui ne sont pas familiers avec cette histoire particulière (dans le contexte haïtien et français)  a posé un défi supplémentaire.  Beaucoup d’étudiants américains ont lu Beloved de Toni Morrison et plusieurs étudiants français sont familiers avec Ourika de Mme Duras, mais pour ce qui concerne l’esclavage en Haïti et le rôle de la France dans la traite en général, il ont très peu de connaissance.  J'ai ajouté des lectures supplémentaires de  The French Atlantic Triangle : Literature and Culture of the Slave Trade (2008) écrit par Christopher Miller et The Libertine Colony écrit par Doris Garraway.  De même, le dernier livre de Laurent Dubois Haïti: The Aftershocks of History aborde la période avant la Révolution haïtienne. Ces livres m’ont aidé
 à contextualiser l’aspect historique.  Pour la prochaine fois je compte ajouter un film qui pourrait aider les étudiants à visualiser l’époque aussi.  Mes étudiants étaient   profondément touchés par le style de l’écriture, ils ont apprécié la beauté, l’émotion et la passion du roman.  En bref, ce roman leur a enseigné l'histoire de l'esclavage d'une manière plus intime. Ce succès est à cause de l’écriture de Trouillot et son but de rendre à la fois un roman historique et un texte qui humanise l’expérience quotidienne des esclaves. 

Et vous?  Comment est-ce que vous pensez que l'esclavage est présent ou absent dans notre imaginaire haïtien? Comment pourrait-on enseigner cette période avec plus de fidélité et complexité?



RMJC